L'antiquité est une période qui, d'après les historiens, commencerait en 3500 avant J-.C avec l'invention de l'écriture, et se terminerait dans le Ve siècle. C’est à cette période que naissent véritablement les héros.
Représentation de la guerre de Troie par Brygos en -480. |
Les grecs créèrent un surhomme pour se rapprocher de la condition des Dieux et échapper à la fatalité du destin. Ils recherchaient alors l'immortalité grâce au culte rendu aux héros à travers les siècles. Les héros antiques, comme Hercule, et Achille, ou Ulysse, établissent une civilisation contre la sauvagerie paradoxalement en l'utilisant. Chez Homère, (supposé poète de l’Odyssée et de l’Iliade en 800 avant J.-C, les deux premières œuvres de la littérature occidentale.) le héros est un chef de guerre mortels qui est destiné à une mort glorieuse pour prospérer dans la mémoire des Hommes.
Pour les Grecs, le héros est un guerrier, souvent fils d'un dieu ou d'une déesse. On ne devient pas héros, on l'est par la volonté des Dieux, c'est-à-dire qu'on l'est par la naissance, tout comme on naît citoyen ou esclave dans la société antique. Le mot « héros » qui vient du latin « herôs » désigne un demi-dieu et un homme de grande valeur, un être qui apporte le bien, et surpasse les mortels. C'est un idéal pour la société.
Poséidon (dit Neptune) par J.S. Copley |
Parthénon à Athènes en l'honneur de la déesse Athéna. |
Le héros a un lien direct avec la mythologie grecque : il est élevé au même rang que les Dieux. Il n'a pas forcément existé, ni accompli des actes extraordinaires, mais la religion le considère comme un être réel et il est honoré de la même façon que les divinités. En effet, de très nombreux héros sont vénérés dans la cité qui lui fait titre, cependant, seuls quelques-uns le sont dans toute la Grèce. C’est le cas d’Héraclès, le plus célèbre héros de l’histoire antique, Achille ou Thésée. Le héros n’en obtient le titre que lors de sa mort, et le culte s’effectue à l’endroit (supposé ou réel) de leur tombe avec diverses offrandes : vases, statuettes en terre cuite, poterie… C’est une façon de reconnaître et de le remercier pour ses exploits.
Œdipe et le Sphinx représentés sur un vase datant de -440. |
Ce sont des héros remarquables, des guerriers le plus souvent, d'anciens rois plus ou moins légendaires ou historiques, car les Grecs n'opèrent pas de rupture nette entre le mythe et l'histoire. Dans certains cas, son nom est donné à une ville, une cité, ou une tribu, c'est une tradition dans la Grèce Antique et ainsi presque chaque lieu posséda son héros éponyme. C'est sa condition quasi divine qui justifie son rôle de protection de la cité, il fait partie du patrimoine grecque. Il est y étroitement associé en tant que modèle à imiter et en tant que défenseur des valeurs d'une communauté.
La société grecque n'envisageait pas l'individu en lui-même mais la cité et le groupe. Le héros devient protecteur de la société ce qui coalise les citoyens à croire en la religion en y voyant un véritable modèle.
Le héros antique est ancré dans les mœurs et les croyances de la société ce qui fait de lui un héros mythique et légendaire.
Protecteurs de leur cité dans une civilisation où la guerre occupe une place importante, les héros antiques sont des guerriers. Humains ou demi-dieux, ils sont toujours habiles au combat, cherchant le dépassant d'eux-mêmes et à atteindre l'excellence. C’est l’aristeia, un prix remis par les Grecs à leurs plus valeureux soldats en hommage à de grands exploits militaires et de hauts faits. Cette geste guerrière permet au héros d'affirmer sa supériorité et de se démarquer.
Ulysse résistant au pouvoir des sirènes dans l'Odyssée, peint par Draper Herbert James |
Le héros représente une perfection de l’Homme pour la population antique. En effet, on ne parle pas de ses défauts ou de ses faiblesses émotionnelles : la peur n’existe pas, le doute et la peur d’échouer non plus. Sa personnalité se résume à des qualités telles que son courage presque démesuré, sa bravoure, son intelligence ou sa force. Il n’est pas identifié en tant que personnage à part entière, mais comme un ensemble de valeurs d’excellence.
Chez Homère, le héros doit mourir jeune et au combat pour obtenir la gloire et le culte qui lui permettra de rester dans la légende, c’est-à-dire devenir immortel. C'est la « belle mort ». Considérée comme une étape naturelle pour les Grecs, c’est cet ultime sacrifice qui sublime le héros. Il ne meurt pas par faiblesse mais par la violence des Dieux et la fatalité du destin.
Par exemple, Achille décida de se rendre à la guerre de Troie malgré les précautions de sa mère pour l’en empêcher, persuadée qu’il va y mourir. Mort en pleine jeunesse d’une flèche au talon guidé par le dieu Apollon, Achille représente le désir orgueilleux de la gloire guerrière et l’idéal du héros homérique.
Les Grecs pensaient que les divinités étaient à l'origine de tout, et qu'ils ne pouvaient défier aucun de leurs jugements sans conséquences. A la fin, ils sont toujours plus forts et l'Homme subit leur colère. Il était donc inconcevable d'imaginer un monde sans violence puisque les Dieux eux-mêmes pratiquaient des actes de barbaries (luttes, massacres collectifs ou individuels faits aux Hommes ou au dieux eux-mêmes).
Le serpent monstrueux dans la version dessin animée d'Hercules (Disney) |
Héraclès (Hercule chez les Romains), est par exemple un héros violent : lors de ses 12 travaux, il acheva un serpent monstrueux puis en enterra la tête sous un rocher, ce qui fit couler le sang et le venin de la bête. Il y trempa ses flèches : ses actes témoignent de sa violence.
Achille traînant la dépouille d'Hector dans le film Troie (2004) par Wolfgang Petersen. |
Achille était un chef de guerre très connu dans la Grèce Antique par son habileté au combat et son invulnérabilité. Sa seule faiblesse était son talon (d'où l'expression dans la langue courante « le talon d’Achille ».) Lorsqu'il doit affronter Cycnos, fils de Poséidon, il parvint à le tuer en l'étranglant avec la jugulaire de son casque. Puis, lorsqu'il tue Hector, un de ses ennemis, il traîne son cadavre trois fois autour de la ville, accroché à son char. Cette démonstration de violence témoigne des mœurs Grecs qui honorent la guerre et la trouve donc naturelle.
La société antique est donc la première créatrice du héros qui se modifiera à travers les siècles. Il représente un surhomme ou un demi-dieu qui brille dans l’acte guerrier. Il s'inscrit donc dans un contexte violent et est célébré par un culte religieux.